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OXYMORE OU VIF

by DOUBLE HAPAX - CD

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1.
oyez oyez le cantique oyez oyez la grande messe le credo politique du fond des urnes à la tribune et de l’ONU à la commune le psaume de la presse sur six colonnes à la une oyez oyez braves gens oyez oyez vous dit-on oyez fidèles croyants croyez croissez croissez et multipliez fidèles croyants fidèles croissants croissants fidèles croisés dociles de la fortune croissants fertiles croissants de lune et lune de miel car on vous offre le ciel et on vous promet la lune la lune hallucinant alunissez hallucinez comme au ciné on va vous montrer la lune en plein midi la lune comme un point sur le i de nos bénéfices moi je suis distrait et dans la lune j’entends pas la berceuse j’écoute pas la musique moi j’ai mes lunes mes heures creuses je suis lunatique je suis pervers c’est mon travers j’entends de travers oyez oyez braves gens oyez oyez nous dit-on oyez oyez fidèles couillons croyez croassez croassez et moult vous pliez et moult vous priez fidèles moutons croassant comme des corbeaux et coassant tels des crapauds coassez et démultipliez dégazez dégraissez délocalisez croissants stériles et lune de fiel et sans rancune et infortunes et maléfices oyez oyez croyez croissez croassez coassez pendant qu’on fait un trou dans la lune croa croa coâ coâ quoi quoi ? quoi qu’il en soit moi je mécrois moi je décrois moi je m’y crois en vérité je vous le dis je suis le mécréant et je suis le décroissant je suis le mécréant et je suis le décroissant l’incrédule de vos bidules en vérité je vous le slame et je vis que vous croassiez et je vis que vous coassiez et je dis que c’est assez cétacé et je me marre comme une baleine luciférienne car je suis luciférien ça ne fait rien je prêche mon catéchisme je suis dissident j’envoie mon schisme dans les dents je suis schismatique c’est automatique je m’adresse à mes ouailles et avec ma gouaille je fous le oaï je suis le mécroissant je suis le décréant je suis le mécroissant je suis le décréant vos croissances vos créances vos croyances vos croix vos signes de croix vos croisades vos croisettes vos croisières vos paillettes j’y ai jamais cru mauvaise recrue je suis recru de lassitude par vos vieilles lunes et vos croissants au beurre dans les épinards de Popeye mais qui c’est qui paye qui c’est qui paye pour que vous ayez le beurre l’argent du beurre et les faveurs de la crémière et lui tapiez dans la lune la lune comme mon poing sur vos pifs
2.
Soledad 07:27
je l'avais rencontrée dans les carnets de Libé où un beau jour j'ai lu " je suis la jeune femme seule de la rue des glaïeuls, samedi après dîner nos yeux comme un reflet nos coeurs comme échangés, et moi j'y perçois un présage du destin, à l'instinct ô vous jeune homme seul sachez qu'on est fait l'un pour l'autre "et point fin du message Soledad je te dédie cette aubade Soledad je te maudis j’en suis malade Soledad j'y passe rue des glaïeuls pour aller n'importe où sans jamais voir flotter de bouteille à la mer dans le regard d'une femme, le coup d'oeil je n'l'ai guère l'habitude c'est un drame on regarde plus trop où nous portent nos pieds et on s'vautre cette âme est ma moitié me dis-je c'est pitié si elle m'a vu pour rien alors qu'on est faits l'un pour l'autre Soledad je te dédie cette aubade Soledad je te maudis j’en suis malade Soledad quoique c'est écrit félin comme pour dire une panthère un tigre ou un guépard, ça j'aurais dû relever me dire bigre ou me taire mais je l'ai pas relevé ou bien alors trop tard et je l'ai appelée en disant qu'j'l'avais vue juré que c'était comme prévu on dirait qu'elle m'a cru on s'est finalement vus pour d'bon dans un salon de thé Soledad je te dédie cette aubade Soledad je te maudis j’en suis malade Soledad c'est comme si l'on s'était depuis toujours hantés tout d'suite on n'a fait qu'un elle et moi tout comme un seul homme solidaires unis jumeaux deux frères siamois soudés méchants, ma mie à part entière et à part entièrement, ça dure l'oeil dans l'oeil dent pour dent et j'peux pas dire l'contraire mon lot n'est pas commun c'est une histoire qui a fière allure Soledad je te dédie cette aubade Soledad je te maudis j’en suis malade Soledad j'achève mon soliloque elle m'a dit ma pareille la tête sur mes épaules détail de protocole que son p'tit nom c'est Soledad qu'c'est espagnol ça m'évoque tout de go du solide un soleil et puis sole mio, hébétude moi qui pensais plutôt qu'elle s'appellerait Gertrude j'n'ai su qu’après étude qu'ça disait mot à mot solitude texto solitude en V.O. solitude
3.
Quasimoda 04:05
vous la voyez passer des fois rouler sa bosse sur les pavés qui font des bosses sous les pieds et des réminiscences chez les auteurs distingués vous la voyez des fois remorquer sa proéminence comme une croix de pénitence comme si elle avait quelque chose à payer à chacun sa croix mais y a qu’à elle qu’échoit ce morceau de choix c’est pas Jésus c’est Quasimoda Polichinelle de la ruelle et de la rue elle est connue l’est pas pansue l’est peu joufflue l’est guère fessue n’a rien de cossu mais l’est bossue sous son pardessus c’est sans issue c’est la bossue c’est bien connu elle est infirme ça je l’affirme elle est informe elle est infime et rarissime je vous le confirme elle est hors norme et pas conforme et difficile à vous décrire elle est difforme je peux pas mieux dire n’est pas pulpeuse elle est bulbeuse elle est gibbeuse elle est hideuse comme un gibbon et déhanchée comme un gibet et disgracieuse et disgraciée pourtant rieuse joueuse et enjouée c’est sa beauté et quand Quasimoda se mire dans une glace une psyché elle reste pas de glace pas détachée non, elle se mire et elle s’admire et elle se marre se déballonne c’est naturel et monotone c’est sa rengaine car elle se marre comme une bossue et c’est logique comme une baleine zoologique baleine à bosse c’est fatidique une jubarte ça c’est jobard un mégaptère mégasuper ! mégasuper car elle se voit comme dans le miroir déformant du cirque où l’amenaient ses parents plutôt marrant et vous-mêmes qui la voyez passer vous riez comme des bossus sous cape comme la bossue qui se drape dans son pardessus reine de la cour des miracles Quasimoda qui pourrait accomplir l’oracle faire que la langue dérape et que comme dans une fable d’Esope bossu antique et désopilant les rieurs simili-bossus le deviennent en un instant et hop ! bossus de la tête aux pieds ils en feront une tête mais ça leur fera les pieds de se retrouver à sa place et sous sa bosse comme s’ils avaient perdu aux chaises musicales avec leur appendice dorsal certains ont les chevilles qui enflent ou la grosse tête elle, sa bosse a comme un trop plein elle va percer l’abcès ce sera obscène et purulent et virulent et plein d’excès elle dira des quasi mots d’amours mais faudra pas s’étonner si ça fait des bleus et laisse des bosses sur le nez et des bossus sur le pavé faudra pas s’étonner
4.
Dans un accès de démence j’ai avalé mon chapeau et depuis la proéminence de mon ventre a la forme d’un béret basque et mon cul la forme d’un casque Mon front a la hauteur d’un haut-de-forme que la pluie détrempe que les averses déforment Je suis en feutre je suis tout flasque et j’ai l’air neutre derrière mon masque Moi qui me croyais en forme J’ai pris un coup de vieux sur la tête sous mon gibus je suis un minus plus absurde qu’un rébus plus ringard qu’une devinette Carambar J’ai une tête à m’asseoir sur le profil dudit borsalino plus sale et plat que le lino plus démonté qu’un meccano plus piétiné qu’un trempolino Mon couvre-chef a la face d’AZF un jour d’explosion Quand on a une tronche de chapeau melon et la tête comme une pastèque les nuits sont seules les jours sont longs comme une partie d’échecs je porte un tricorne sélectif et j’ai des cornes à la place des tifs je suis fort mal coiffé j’ai des épis de maïs sous mon képi de naïf Moi qui me voyais en sombre héros je suis plus zéro qu’un sombrero oublié à la patère d’un bar délétère entre El Paso et Tijuana au milieu des nuages de marijuana Moi qui me rêvais en canotier à Paname me retrouve égoutier à Panama où je récure le canal et les fonds de cale (c’est pas banal) le crâne enserré dans un panama trop étroit pour mes rêves trop usé pour mon karma Alors je travaille du chapeau mon béret basque me crée des renvois dans mon haleine y a une chapka qu’a des relents de vodka j’ôte mon chapeau remets mon chapeau rôte mon chapeau et j’éructe en postillonnant des miettes de feutre J’ai le crâne à découvert le bide en forme de béret je vais gerber dans le bidet j’ai le profil du suspect pas de pot à coup sûr c’est programmé on va me faire porter le chapeau pas de pot
5.
Krach 04:21
L’économie patine dérape et se détraque le grand cacapital bégaye et fait des couacs Fauché comme les blés, geignard, paranoïaque le modeste épargnant prend ses cliques et ses claques accusant le système, se plaignant de l’arnaque ah qu’l’avenir est sombre et les comptes sont opaques et le petit porteur débarqué sur le tarmac dans un avion de luxe, pour faire son come-back repart en triporteur cherche du boulot au black mendie place de la Bourse ou joue au Tac O Tac Acquéreurs managers traders et autres macaques accablés se répandent réduits à l’état de flaques vendent à Cash Converters leurs smokings et leurs fracs achètent à Emmaüs un jean un anorak Actionnaires, consultants en deviennent cardiaques Jean-Marc Sylvestre est tout patraque François Pinault est insomniaque Jean-Pierre Gaillard fait une attaque A compter d’aujourd’hui les chroniques boursières sont données en play-back et sonnent encore plus faux qu’un solo de la Star Ac’ Accident de parcours impasse ou cul-de-sac ? après le boom les experts parlent de krach de récession d’inflation de stagnation de stagflation et tout leur bric-à-brac La croissance flanche, fléchit, décline, et puis tout craque Moi j’réfléchis, j’fulmine car je suis démoniaque moi qui ne suis pas un crack en éco ni en CAC 40 (40 comme les voleurs d’Ali Babac) accordez-moi le temps que j’argumente un peu d’écoute à mon flash-back : Quand une bande de macs accapare accumule des millions des briques et des plaques s’acoquine et s’agglutine comme des corbacs sur la barbaque, ça renâcle pire que l’ammoniac c’est un cloaque qui accouche d’une volée de mouches à merde Quand une bande de mous accepte ces accointances acquiesce et accrédite l’idée que leur crédit crée dix fois plus de bonheur y a des claques qui se perdent ça m’estomaque et ça m’écoeure Quoique... ça me file la gnaque j’accuse du tac au tac acariâtre je ricane bien vénèr a cappella j’accélère tout à trac mon débit tout du même acabit j’ai pas le trac je vaque à mon pamphlet en vrac foutraque et dionysiaque la catastrophe économique c’est mon aphrodisiaque acupuncteur façon cosaque activiste et maniaque je tranche dans le vif et c’est orgiaque comme une chope de cognac la paella tchécoslovaque l’amour à trois dans un hamac
6.
sperme et œuf mou t’es tout neuf presque germe t’es trois fois rien minime clownesque mais mine de rien tu crois ça vient c’est toi t’évolues tu t’étoffes arrondies les étoffes sont tendues sans un pli sur le ventre qui te sert de doux antre où tu te terres et tu te loves et tu commences à te mouvoir my baby love à m’être cher ce qui a tendance quand j’y repense à m’émouvoir là tu te blottis au fond te replies où tu accomplis ta maturation et tu apprécies cette situation tiède et édénique son isolation son confort thermique au creux de ta caverne tu es seul maître à bord tu roupilles puis tu dors tu lézardes et hibernes cocooning utérin camping sans belle étoile squat autarcique interne sleeping en chute de reins au fond de ta citerne mais au fur et à mesure on le voit sur la télé sous l’œuvre de la nature tu prends une forme humaine avec membres et rondeurs y a des similarités silhouette familière bref dans ton apesanteur tu as une allure terrienne et dans cette flaque sublime tu te fais ta gym aquatique comme en un lac au creux des cimes tu entends le chant des baleines un silence philharmonique les tuyauteries organiques le Lac des Cygnes pour amnésiques comme un surplomb métaphysique et déjà l’appel des sirènes car tu as beau être waterproof tu t’agites bouges gigotes et t’ébroues tu respires conspires et aspires à aspirer l’air de février goulûment sans ciller sans esbroufe sans la peur d’y jaillir tout mouillé sans même avoir le temps de dire ouf après ces neuf mois à conspirer pour que l’horizon s’ouvre plus beau le monde t’attend pour être plus beau
7.
Je m’appelle J.B. chuis cordonnier Vous savez la sentence Le cordonnier est le plus mal chaussé et en effet je vais nu-pieds mes dents sont déchaussées j’ai la chaude-pisse et des abcès C’est mon exorde direct cordial et sans outrance Je vis pas en France je vis vers Cordou oun trou perdou dans la sierra la cordillère La corde, hier... Je tiens le fil je vais pas le lâcher Il faut que j’aborde en confidence un sujet sombre et pas commode Je vous l’accorde, je m’en balance au bout d’une corde je me balance Dès ma naissance suspendant ma transhumance je me suis pris la tête dans le col de l’utérus les pieds dans le placenta et le cou dans le cordon ombilical Désespérance... La vie c’était pas dans mes cordes Ne blâmez pas mon oraison ses discordances Mon éloquence est entravée non sans raison Peux pas parler la gorge nouée Ambiance... Au bout d’une corde je me balance je vous l’accorde, je m’en balance J’ai toujours vécu à bout de souffle usé mes pneus jusqu’à la jante mes espadrilles jusqu’à la corde et ma raison jusqu’à ce que je déjante que ma vie prenne son dernier virage à la corde Un tête-à-queue m’a envoyé dans les cordes Les cordes, hier... Comme il pleuvait des cordes j’en ai ramassé une j’en ai ramassé dix dix cordes ça peut servir pour ligoter la discorde qui me désaccorde et me déchire tout le monde s’accorde à le dire Je vous l’accorde, je m’en balance au bout d’une corde je me balance J’ai toujours plus d'une corde à mon arc ça fera une cravate de chanvre pour mon costard de malchance me dis-je d’une voix monocorde quel suspanse Et je me suis pendu J’ai mis tout mon poids dans la balance J’ai fait du saut à la corde comme d’autres font du saut à l’élastique Quitte à vous surprendre je vous avouerai qu’on m’a toujours dit que je ne valais pas la corde pour me pendre mais là c’est pas pareil je l’ai trouvée c’est comme un prêt je la rends après vous saisissez la nuance ? pis ça porte chance une corde de pendu ça porte chance Au bout d’une corde je me balance je vous l’accorde, je m’en balance J’ai toujours été sur la corde raide maintenant elle est raidement verticale je funambule de haut en bas et je danse en cadence comme une marionnette en transe qui ne tient plus qu’à un fil Quelle déchéance Ce nœud coulant serre mon cou lentement c’est le premier maillon d’une courte échelle de corde par laquelle je me fais la malle de cette sale vie premier de cordée pour l’ascension du mont de la mort par la face nord Je vous l’accorde, je m’en balance au bout d’une corde je me balance Mon corps au bout de la corde la bande comme celle d'un arc et au bout de mon corps bande mon braquemart turgescence arrosant de ma semence ma mandragore ce texte gore incontinence d’agonisant qui déblatère incontinent sa conférence avec vigueur et truculence . Au bout d’une corde je me balance je vous l’accorde, je m’en balance Si vos pas croisent mon gibet vous verrez qu’un pendu se balance comme le balancier d’une pendule et vous direz C’est J.B. ce gibier de potence et vous adresserez vos condoléances éculées aux espadrilles éculées qui se balanceront à votre nez et dernière jouissance vous bailleront à la gueule avec insolence Mais avouez si je mets à votre hauteur sans décence ma face violacée mon sourire crispé ma tumescence vous n’apprécierez guère la condescendance du con descendant de son perchoir de chanvre ni son outrecuidance Je vous l’accorde, je m’en balance au bout d’une corde je me balance Bientôt J.B. descendra de son gibet et reprendra son errance répandra la pestilence verbale de sa grandiloquence sans indulgence ni miséricorde L’échéance n’attend que la fin de ces stances Telle sera ma vengeance contre votre engeance vos romances vos remontrances vos repentances vos médisances vos gouvernances tous vos mots rances Ma véhémence coulera de ma bouche congestionnée comme les vers blancs de la béance de mon nez et viendra forer jusqu’à la démence vos existences mornes et mort-nées Je vous l’accorde, je m’en balance
8.
j’aime pas l’amour il me le rend bien il rime avec toujours et moi je rime à rien quand je vois une paire de jeunes énamourés leurs bouches collées leurs doigts noués j’ai envie de les envoyer au septième fiel de les boucler quinze jours dans la même chambre sans voir personne ni même le ciel pour étudier après la gueule de leur amour s’il a toujours ce parfum d’ambre ces pétales de roses alentour ce goût d’extase et de gingembre quand dans ma caisse je roule derrière une bagnole de just married je trouve mon habitacle amer inhabitable désert aride je rétrograde et j’accélère je les dépasse pour plus les voir la vie en rose de ces pink floyd moi ça me fait broyer du noir lorsque je vois un couple de vieillards amoureux qui se partage un cornet de glace je me sens terriblement jeune j’me dis que dans la vie je n’suis pas à ma place je reste affamé et je jeûne pendant que mon ice-cream me dégouline sur les doigts et salit même mes godasses des fois quand à la radio pas de chance je tombe sur une mélodie sirupeuse j’interromps l’hymne à l’indolence aux sentiments aux langueurs amoureuses aux fusions des âmes au plaisir des corps je défoule ma violence sur le poste à la disqueuse et j’mets un disque de hard-core moi qui suis seul c’est ma berceuse
9.
Canicule 06:00
je l’ai connue en pleine canicule elle m’a dit qu’elle voulait que je l’embauche je lui ai dit « attends ça se calcule je n’ai rien dans les poches » je l’ai connue en pleine canicule elle m’a dit qu’elle voulait que je l’engraisse je lui ai dit « t’auras des tubercules et des bonbons Ricqlès » je l’ai connue en pleine canicule elle m’a dit qu’elle voulait que je l’enivre jui ai dit « attends j’relis mon fascicule "Manuel du savoir-vivre" » je l’ai connue en pleine canicule elle m’a dit qu’elle voulait que je l’enfume avec ma ganja dont les molécules font de toi un légume elle m’avait dit ça d’un ton chaleureux un regard brûlant et un rire sec quand elle m’a dit ça d’un ton chaleureux ça m’a cloué le bec je l’ai connue en pleine canicule elle m’a dit qu’elle voulait que je l’encense je lui ai dit « t’es belle » en majuscules « tu m’accordes une danse ? » je l’ai connue en pleine canicule elle m’a dit qu’elle voulait que je l’embrasse je lui ai dit « ne sois pas ridicule » moi ça passe ou ça casse je l’ai connue en pleine canicule elle m’a dit qu’elle voulait que je l’endorme par une sérénade au crépuscule j’ai dit « chuis pas en forme » je l’ai connue en pleine canicule elle m’a dit qu’elle voulait que je l’enfièvre j’ai pensé « ça barde pour mon matricule » et j’ai serré les lèvres elle m’avait dit ça d’un accent fiévreux ses lèvres étaient sèches, son front était moite quand elle m’a dit ça d’un accent fiévreux ma bouche est restée coite je l’ai connue en pleine canicule elle m’a dit qu’elle voulait que je l’enlève jui ai dit « si on prend ton véhicule... : mon chauffeur est en grève » je l’ai connue en pleine canicule elle m’a dit qu’elle voulait que je l’enlace jui ai dit « ‘tention chuis fort comme Hercule ‘ccroche-toi à tes godasses » je l’ai connue en pleine canicule elle m’a dit qu’elle voulait que je l’entende jui ai dit « OK alors articule ou j’te secoue la viande » je l’ai connue en pleine canicule elle m’a dit qu’elle voulait que je l’engrosse que du contenu de mes testicules elle comptait faire un gosse elle m’avait dit ça d’un air amoureux d’un ton de défi et avec émoi quand elle m’a dit ça d’un air amoureux je suis resté sans voix
10.
Tool Blues 02:33
on va m’dire encore que j’épouse des thèses extrêmes mais derechef j’ai la rage le spleen et le blues et à cracher quelques griefs à la face de ma ville Toulouse qu’est pas trop ma ville mais le fief des industries qu’on nous jalouse Airbus Matra et AZF qui fabriquent des trucs et du flouze diverses armes et des bénefs et des profits chimiques - partouze de l’alchimie des chiffres - en bref c’est une rente douze mois sur douze la chimie fait du chiffre bézef ça boume parfois jamais ça loose y a qu’à voir les sourires des chefs mais moi j’ai le blues de Toulouse moi je vois pas la ville en rose mais moi j’ai le blues de Toulouse et demain c’est moi qui explose
11.
comme une anguille je frétille je godille je scintille à la longue pacotille je me retrouve comme un congre il suit sa vie comme une anguille tellement fuyant qu’il passerait à travers le chas d’une aiguille sans avoir besoin de rentrer la tête au creux des épaules où elle n’est pas si bien fixée n’allez pas croire que ce soit drôle d’être fluide et démembré il glisse il louvoie et il fraie dans des flots troubles et des eaux claires il file au hasard en apnée plutôt liquide que terre-à-terre et il échappe et il défraie la chronique salée de la mer des sarcasmes car il en est cet émigré originaire on peut sentir en le voyant quand on le voit c’est pas toujours à son regard un peu mouillant à sa silhouette sans contours qu’il doit y avoir anguille sous roche mais on ne trouve plus qu’un caillou quand les pieds dans l’eau on s’approche pris dans la vase et dans la boue dans son élément il s’efface entre les mailles qu’on lui tresse il s’insinue en passe-passe puis sinue sans laisser d’adresse au pêcheur piteux en surface qui n’a pour toute bouillabaisse qu’une aigre soupe à la grimace perplexe bredouille terrestre dans sa fugace migration il remonte vers son eau douce en elle il est comme un poisson dans l’eau sans hameçon ni secousse au fil de son inclination suivant ses pentes douces au gré de ses crues et de ses saisons elle qui a fait tant de noyés
12.
me v’là au pied du mur sans un murmure mais faudrait pas que ça dure je serre la mâchoire je broie du noir je scelle mes lèvres j’ai de la fièvre je tiens ma langue soyons pas mièvres pas de derniers mots pas de harangue ni lamento ni testament une bouche fermée n’accouche pas de sentiments et point n’y entrent de mouches pas même celles qui dans un instant viendront goûter au sang qui dégoutte les mouches qui butinent le suc de la guillotine qui s’agglutinent sur la sève du bois de justice et qui épongent les bavures du supplice goutte à goutte j’ai la chair de poule la peau de ma nuque est rasée de près pour mon mariage avec la veuve létale drapée de rouge comme l’étal d’un boucher et je grelotte et je frissonne je me renferme je me renfrogne et je m’isole sous ma camisole mais je perds pas la tête pas encore je garde la tête froide toutefois moins froide que dans une heure quand elle aura plus refroidi quand je n’aurai plus de chef à me mettre sous le couvre-chef plus de chef moi qui n’en ai jamais eu pour faire bref quand je serai raccourci guillotiné décapité étêté écimé décimé acéphale car faut ce qui faut je dois payer ma dette à la société payer de ma tête à la société sans me payer sa tête sans ricaner à satiété au pied de l’échafaud où j’échafaude et je refais et je défais mes joies mes crimes et mes défauts et mes forfaits au pied de l’échafaud où va me faucher la faux verticalement comme l’épi rebelle qui n’a pas de blé d’un monde bien coiffé sûr de son fait de son bon droit de marcher droit droit comme le trajet d’un couperet de haut en bas selon la loi de la pesanteur la loi des pommes la loi des hommes la loi tout court pour faire de l’humour pour couper court mes oreilles sur l’échafaud n’emporteront jamais que les cris de la foule hystérique qui se défoule qui se saoule impatiente que ma tête roule et les jacasseries des badaudes et des badauds qui baguenaudent avec leurs mômes juchés sur le dos dont les frimousses émergent de la houle et mes oreilles résonneront sur le gibet des litanies de l’abbé qui fait sa BA gras et replet et content de soi qui psalmodie la mélodie des mauvais gars et des forçats comme un baiser de Judas pourtant son Christ vu d’en bas sur sa croix valait pas mieux que moi à l’entrée de l’abbaye de monte-à-regret où bien avisé ne pénètre pas mon abbé au pied de la guillotine pour ultime parfum mes narines n’aspirent que l’odeur musquée du crottin des chevaux de la maréchaussée qui se dresse comme une haie d’horreur et les effluves rances de la sueur du bourreau et l’haleine chargée du vin mauvais qu’il cuve à mes côtés l’œil torve et la moustache pleine de morve l’exécuteur des hautes œuvres est à la manœuvre ses cordes me sanglent serrent et m’étranglent sa main ferme se referme sur mon épaule il me pousse vers la planche qui fait un drôle d’angle avec le couperet il est pressé quand ce sera fait il l’aura bien mérité il reprendra le litron qu’il a dû abandonner il a l’air irrité ça l’a sans doute contrarié mais bientôt le tranche-tête qui n’aura pas démérité pourra rejoindre sa piquette les gendarmes regagneront leur caserne au commandement de quelque vieille baderne l’abbé béat se rentrera au presbytère après ma décollation les hommes de loi se retrouveront entre pairs dans la quiétude du devoir accompli satisfaits que ça n’ait pas fait un pli et monsieur le juge prendra une légère collation accompagnée d’un vin de la Meuse c’est que ça creuse d’avoir rempli sa tâche sa mission et le panier à sciure et sans se tacher le huit-reflets le pardessus le pantalon par-dessus le marché et mon tronc comme un con encombrera la planche embarrassera le plancher ébranché étêté et sacrée vieille branche ma pauvre tête échouée au fond du panier bien seulette dans une posture contraire à la nature les yeux immensément ouverts vers le bleu du ciel avec un peu de sciure à la commissure des lèvres pleine encore de ces idées ravalées avortées que je n’aurai pas crachées à la face de l’inhumanité

credits

released October 15, 2011

Music by B.Naz
Lyrics by Jikabo

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